Élection Féguifoot : Changement ou roulement ?
KUWAIT CITY − Au pays de Pascal Feindouno, considéré comme l'une des meilleures sources de talents footballistiques d'Afrique, les victoires irrégulières des équipes nationales, selon certains supporters, dépendent plus de l'effort des joueurs sur le terrain que de la compétence de la Fédération Guinéenne de Football (Féguifoot). À Conakry, Gaoual ou Beyla, ils sont nombreux à croire en cela.
C’est pourquoi, soutiennent-ils, le congrès électif de la Féguifoot qui aura lieu le 18 Aout 2011 au ‘Palais du Peuple’ à Conakry devrait marquer un moment mémorable dans l'histoire du football guinéen.
Mais, malheureusement, les candidats favoris ne sont pas des oies blanches. Ils ont, chacun, des taches noires, des faiblesses dans leur profile.
Le candidat sortant, Bruno Bangoura fera face, cette fois-ci, à un challenger de taille. Ses deux derniers mandats lui ayant été, en quelque sorte, offerts gratis. Quant à son bilan de huit années (2003-11), il l’a résumé lui-même : organisation régulière des différents championnats locaux, trois (3) quarts de finale de la CAN, signature des contrats de sponsoring pour le championnat de Ligue 1 et de Ligue 2.
À son arrivée, on avait espéré que la Guinée, jadis grande nation de football en Afrique, serait sur la voie d'un certain renouveau dans la gestion de son sport favori. Le changement a tardé, les espoirs se sont dissipés.
Simultanément mais différemment, Jacques Anouma, président sortant de la Fédération Ivoirienne de Football, a qualifié son pays à deux coupes du monde, une finale et une demi-finale de la CAN. Il a reconstruit au moins six stades, accéléré le développement des clubs ivoiriens en leur accordant des subventions sans précédent. Chaque club de Ligue 1 a ainsi une trentaine de millions CFA (soit au moins 45 mille Euro), sans compter de substantielles enveloppes pour les formations des autres niveaux.
Et Anouma ne briguera pas un troisième mandat le 10 septembre prochain. Pourquoi ? «Après ces 9 ans, je pense avoir fait mon travail et rempli mon devoir. Je m’étais fixé un délai. Ce délai est arrivé. Je pourrai me consacrer à mes tâches continentales et internationales,» a-t-il déclaré.
Comparaison, il parait, n'est pas raison. Et Bruno, espérant que la lune ne tombe sur le football guinéen, veut un troisième mandat, apparemment pour terminer ce qu'il n'a jamais débuté.
Quant à son challenger de taille, Salifou Camara 'Super V', il a été vice-président de la Féguifoot (1994-2000), puis président (2000- 2001). Malgré son éphémère passage, à en croire ses détracteurs, il trainerait plus de casseroles que de résultats luisants. Pour rappel, c'est en son temps, en 2001, que la Guinée a été suspendue de toutes les compétitions de la FIFA. Depuis lors, il s'était éloigné du milieu footballistique, avant de réapparaitre dare-dare récemment pour, dit-il, sauver le football guinéen ! Pour entamer, il s’est autocensuré de parler aux médias ! Ainsi, notre demande de l’interviewer a simplement été déclinée. Quelle entame !
Certains disent que l'histoire compte peu dans le foot moderne. Ils ont tord.
Pendant deux décennies, le Syli National n’a remporté que deux trophées sous-régionales (Coupe Amilcar Cabral 1988 et 2005). Et durant cette période, la composante de la sélection nationale a maintes fois changé, tandis que la caste des dirigeants (de la Féguifoot) est restée la même. On ne change pas une équipe qui gagne, nous dit-on. Mais, si elle ne gagne pas ? Nos dirigeants sportifs sont-ils réellement là pour développer le sport guinéen ?
C'est une question pertinente à cause de la nature des changements dans le sport à travers ses différentes époques. Mais, le changement le plus important dans le sport au fil du temps, c'est la richesse qui l'entoure. Elle change les conditions de vie de ses pratiquants et entraîne la corruption à de nombreux niveaux. Et justement, c’est à cause de cette richesse (et surtout cette corruption) que même les nullards veulent diriger une discipline sportive.
Aujourd'hui, peu importe les efforts fournis par-ci, par-là pour s’accrocher ou revenir à la tête de la Féguifoot, en offrant des cadeaux aux fédérations régionales ou dénigrant le camp adverse. Le danger autour de ces gestes (opportunistes) n’est pas cette éventuelle permutation ou passation de service entre deux (anciens) présidents inefficaces mais, le fait qu’il soit probable, à l’issue de cette élection, que le foot guinéen continue à marcher avec les mêmes béquilles, pardon les mêmes inaptitudes, les mêmes intrigues pleines de rebondissements : guéguerres récurrentes, surfacturations des dépenses, mauvaises décisions ou préparations des compétitions internationales.
Espérons que le nouveau mandat du vainqueur de cette élection ne sera pas une autre déception.
Moysekou,
Salwa, Monday 4th August 2011 - KWT
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