Samory Touré, supporter du Syli ?
Isolée dans les méandres du fleuve Ogooué, l’île Samory Touré se trouve à quelques encablures du stade de Franceville, à Franceville au Gabon. Pour certains Guinéens, cette ancienne forteresse, tout comme la composition du groupe D de la prochaine Coupe d’Afrique des nations (CAN 2012), a un goût particulier.
Il y a quelques jours à Malabo, les 16 pays prétendants à la couronne continentale ont participé à la cérémonie officielle du tirage au sort en prélude à la phase finale de la CAN 2012 au Gabon et en Guinée Equatoriale. Deux faits, pour la Guinée et son peuple, ont marqué cette cérémonie : elle a débuté par la Guinée et s’est terminée par la Guinée.
Au départ, l’honneur est revenu à l’ancien attaquant du Syli, le ministre des Sports, Titi Camara, pour lancer la cérémonie en tirant la tête de série du groupe B (Côte d’Ivoire) et du groupe D (Ghana). Plus tard, ladite cérémonie fermera portes et fenêtres par le tirage au sort de la Guinée, pour compléter la poule D. Une poule un peu spéciale.
D’abord par ce qu’elle réveille, en quelque sorte, les vieux souvenirs d’antan entre les panafricanistes Sékou Touré (Guinée), Modibo Keita (Mali) et Kwame Nkrumah (Ghana). Les matchs de football entre ces trois nations ont toujours été des derbys, soient-ils en amical ou simples matchs de gala pour nouer et resserrer les liens d’amitié, de fraternité entre ces pays, et cela depuis l’aube du soleil des indépendances en Afrique.
Aussi, ce groupe évoluera dans la banlieue de Franceville, située sur le fleuve Ogooué au milieu duquel se trouve l’île Samory Touré. Couverte d'un épais manteau forestier, cette île porte le nom d’un brave Guinéen qui fut l'artisan de la résistance à la colonisation française en Afrique de l'Ouest. Pieux musulman, excellent stratège, Almamy Samory Touré fut aussi un grand politicien et créa un État (l'empire Wassoulou). Il entreprit plusieurs guerres contre les Français entre 1881 et 1898. Souvent victorieux, il fut capturé et déporté sur cette île à Ndjolé, au Gabon. Il y mourut le 2 juin 1900 et une stèle fut érigée au milieu de l’île en sa mémoire.
Mort ou vif, absent ou présent dans les gradins du stade de Franceville, ce grand patriote aurait certainement soutenu ses descendants dans ce tournoi continental. L’effet Samory pèsera-t-il dans la balance pour booster la rage et la détermination des joueurs Guinéens ?
Toutefois, voyant le niveau très relevé de ce groupe, on s’attend à une bataille des titans qui va se jouer sur les berges de l’Ogooué entre un Ghana compétitif et constant, un Mali doué mais inconstant, une Guinée talentueuse mais imprédictible et un Botswana prometteur, audacieux mais peu expérimenté.
C'est dire qu’il faut se mettre dès à présent au travail. Le succès, nous dit-on, dépend des moyens qu'on se donne pour réussir.
Moysekou,
KUWAIT CITY, Friday, 04 Nov. 2011
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