CAN 2012 – Le double challenge d’Ismaël Bangoura
Les buteurs réguliers sont plus souvent des hommes d'esprit singulier au sein d’un organisme courageux. Ils sont poussés par l’envie de mettre la balle dans le filet, malgré l’adversité qui les attend hors de la cage.
Parmi ces braconniers, il y a l’attaquant guinéen Ismaël Bangoura, qui a brillé en France (Mans, Rennes) et en Ukraine (Dynamo Kiev). Il parvenait à marquer régulièrement, en club comme en équipe nationale de Guinée.
Aujourd’hui, à l’âge de 26 ans, il est moins tonitruant et marque rarement. Raison ? Depuis plus d’un an, il évolue à Dubaï, aux Emirats Arabes Unis (EAU).
L’argent, certes, n’a pas d’odeur. Mais, il a des destinations incompréhensibles, surtout pour la carrière de certains sportifs professionnels.
Dans ce championnat pétrodollars, Bangoura joue régulièrement et a inscrit 16 buts la saison dernière, toutes compétitions confondues. Mais, de loin, il n'y a jamais eu la même opposition ou capacité athlétique qu'il avait déjà connue sur les pelouses européennes.
Et, à en croire le quotidien émirati ’Al-ittihad’, il n’est plus en odeur de sainteté avec son club, Al-Nasr SC, qui serait sur le point de lui trouver un autre employeur dans les prochains jours.
Mécontent, le joueur aurait quitté Dubaï trois jours plutôt que prévu, pour rejoindre la sélection guinéenne qui prépare la Coupe d’Afrique des Nations (CAN), prévue du 21 janvier au 12 février 2012 au Gabon et en Guinée Equatoriale. À son retour, disent les dirigeants d’Al-Nasr, il sera pénalisé par déduction sur son salaire (s’il réintègre l’équipe) ou sur ses indemnités (s’il ne rentre plus dans l’effectif d’Al-Nasr).
Un malheur, parait-il, ne vient jamais seul. Ceci est sa deuxième sanction financière en trois mois.
La première est survenue le 16 octobre dernier au stade Al-Maktoum d’Al-Nasr, lors de la 1ere journée d’Emirate Pro-League (2011/12). À la veille, Al-Nasr avait célébré la qualification de la Guinée à la prochaine CAN, créant ainsi une atmosphère de joie au sein du club, encourageant l’enfant de Coléah à briller avec son pays et son club.
Bangoura, apparemment ému par ce geste touchant envers sa patrie, s’est résolument battu sur la pelouse pour offrir la ’’victoire’’ aux supporters nasrawis. Al-Nasr, littéralement veut dire ’’victoire’’ en arabe. Il a été fondé en 1945 et est considéré comme le plus ancien club aux EAU. Il a terminé troisième en Pro-League la saison dernière (2010/11).
Mais, l’adversaire du jour, Al-Aïn FC, le club le plus titré des EAU, n’est pas facile à manier. Ce derby entre ces deux grandes villes, Dubaï et Al- Aïn, promettait aussi un autre face-à-face : L’attaque d’Al-Aïn, ce soir, est conduite par le Ghanéen Asamoah Gyan, ancien coéquipier d’Ismaël à Rennes, fraichement débarqué à Al-Aïn sous le magnétisme de l’argent, en provenance de Sunderland de la Premier League anglaise.
La fin, malheureusement, ne justifiera ni l’intention, ni les efforts du Guinéen.
Au départ, une colère vive de Bangoura contre l’arbitre assistant à la 73’, suivie d’un carton rouge et ses effets : une suspension de 3 matchs et une amande de 10,000 AED (soit 2,722 $). Score final : 0-2 pour Al-Aïn.
À cause de cette suspension et sa participation avec la Guinée à la CAN, Bangoura raterait, au moins, six matchs de son club cette saison. Pour pallier son absence et renforcer l’équipe, Al-Nasr a engagé deux nouveaux attaquants, en l’occurrence le Brésilien Rodrigo Careca (de Kuwait Club, Kuwait) et l’ancien parisien, Amara Diané (d’Al-Garafa, Qatar). Il a ensuite temporairement enlevé Bangoura de l’effectif pour être réinséré après la CAN 2012.
Jusque-ici, tout allait bien.
Récemment, le staff technique, sous l’égide de l’ancien portier de l’Italie au Mondial ’90, Walter Zenga, a émis son intention de conserver les quatre joueurs étrangers présentement actifs : Leo Lima (milieu), Rodrigo Careca (attaquant), Mark Bresciano (milieu) et Amara Diané (attaquant) pour, dit-il, soutenir la présente stabilité de l'équipe et, reproduire ses récents résultats et performances. Ce qui signifie la possibilité de se détacher du joueur guinéen ou de l’enrôler pendant la trêve hivernale. Rien n’est encore clos mais, un homme averti, dit-on, en vaut deux.
Ainsi, la CAN 2012 devient de facto une opportunité à saisir pour l’homme dont l’un de ses buts salvateurs en équipe nationale, précisément à Abuja, avait simultanément offert la joie à ses compatriotes et mélangé les théories d’au moins deux grands africains : Jay-Jay Okocha et Nwankwo Kanu, présents ce jour-là sur le banc des Super Eagles pour les motiver.
Son double challenge, cependant, serait : Amener la Guinée le plus loin possible dans cette compétition et offrir le meilleur de son talent pour espérer impressionner les grands clubs.
C’est tout le bonheur que nous lui souhaitons.
Autrement, c'est dire qu’il doit se mettre dès à présent au travail. La réussite, parfois, dépend des moyens qu'on se donne pour triompher.
Moysekou
KUWAIT CITY, Jeudi 29 Déc. 2011 -KW
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