CAN 2012 : Soldats du Syli, faites-le pour nous !
’’Tout ce qui est fait de grand dans le monde est fondé sur l’espoir. ’’
[Martin Luther King]
Le soldat et le footballeur ont quelques choses en commun : La pression et l’instinct de se déplacer furtivement avant que les adversaires ne sentent le danger. Une conscience audacieuse, une vision formidable pour les chances de gagner et une froideur géniale dans les finitions.
Mais, le labeur du soldat est une autre chose ou d’autres choses.
Pendant la guerre, tu ne peux pas imaginer ce qui arrive au soldat sauf si tu es l’un de ceux qui vont au front sans savoir si c’est leur dernière bataille, s’ils portent l’arme ou si ce sont eux-mêmes qui sont l’arme qui doit atteindre l’ennemi.
Le cinéma n’étale que des scènes théâtrales dans lesquelles le producteur collabore avec des acteurs et certains officiers de l’armée pour créer une scène proche de la réalité. Mais, la guerre est d’autres choses : feu, dégâts, cris et sang. Tu ne sais pas qui tire la balle, d’où vient-elle ? Derrière ou devant toi ? Tu ne sais pas si quelque chose t’a atteint ou pas !
Ce sont ces circonstances influentes qui rendent le soldat confus, perplexe, délaissant ce qu’il doit faire. Il y a plein de choses qui le secouent simultanément.
Férébory T., un des soldats guinéens du contingent de l’Ecomog (CEDEAO) au Liberia, m’a raconté qu’après plusieurs heures d’échange de tirs de feu avec les rebelles de Charles Taylor, un de ses collègues s’est endormi profondément pendant qu’ils résistaient aux assauts répétés des rebelles contre leur base à Monrovia.
Ce soldat a dormi en face de la mort, sous le poids de la fatigue et la pression sur tous ses organes de sens jusqu’à ce qu’il ne sentait plus rien. Le sommeil est ainsi venu le transformer en proie facile à la portée de n’importe quelle balle ou explosive des rebelles.
Il n’est pas le seul qui a dormi ! En pleine bataille, certains soldats se font blesser ou tirent sur leur propre doigt afin d’être écartés ou mis au repos.
Je parle des soldats, car ils sont les plus exposés aux conditions difficiles, versatiles et enflammées. Puisque l’état d’esprit des soldats au front et leur tourment sont des images agrandies des moments difficiles que nous rencontrons dans la vie ordinaire. Ou ce que rencontrent certaines personnes dans leurs boulots, responsabilités, sous le fardeau de pression.
Toutefois, chacun de nous est soldat dans un domaine précis, avec son type d’arme particulièrement convenable à sa bataille qu’il mène ou qui lui est imposée.
L’arme de Pascal Feindouno, c’est sa vision merveilleuse et ses pieds sensés. Elle lui permet de marquer des buts magnifiques, de savoir s'il faut passer le ballon à un autre coéquipier qui le poussera au fond des filets, ou qui marquera presque à sa guise.
Comme tout sportif professionnel, Feindouno est un voyageur qui, sur son chemin nomade, s’enrichit par les talents de ses pieds ; voletant de club en club, d'une culture à l’autre.
À Franceville, l’un des jeunes qui essayeront de convertir ses passes en buts salvateurs s’appelle Lass Bangoura, ailier polyvalent de Rayo Vallecano (Espagne, D1). C’est un courageux dont les dribbles et accélérations créent l’enchantement des spectateurs, sans pourtant leur dire si le jeu est un plaisir pour lui ou une corvée.
En réalité, c’est une corvée, un combat dans lequel, pour mieux attaquer, il faut mieux défendre.
Une vieille tactique de l’armée. En sport, elle se base sur la sauvegarde de la cage, tâche des défenseurs comme Bobo Baldé, ancien appui central de Celtic (Écosse, D1).
Né sous le froid de Bouches-du-Rhône (Marseille), Bobo n’avait que 24 semaines et 2 jours le soir de la finale de la Coupe d’Afrique des nations (CAN 1976) disputée par son pays à Addis-Abeba. Quant au trophée, il n’est pas venu à Conakry.
Aujourd’hui, âgé de 36 ans, en débutant sa quatrième et, apparemment, dernière CAN, Bobo espère que le titre continental réponde, grâce au ciel, à ses patients efforts.
Son patriotisme est une référence. Son dévouement pour la Guinée, incontestablement, rappelle celui des autres footballeurs guinéens qui ont toujours répondu humblement à l’appel du pays.
Ils sont tous des soldats sélectionnés pour honorer la Guinée sur les pelouses du monde.
Braves guerriers du Syli, si le peuple vous a choisi parmi ses nombreux enfants pour le représenter ; faire un parcours honorable à cette CAN 2012, pour la Guinée, à cause de la Guinée vous incombe, aussi !
Faites-le pour vous. Faites-le pour nous.
Moysekou
KUWAIT CITY―Ven. 13 Jan. 2012―KW
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