CAN 2012 : Sous la mélodie des surprises, l'esprit compétitif brille
’’Quand tu vas à la guerre tu ne te dis pas que tu vas perdre.
Dans nos têtes c’est ça. Ça passe ou ça casse. ‘’―
[Pascal Feindouno]
KUWAIT CITY ― Au Gabon et en Guinée-Equatoriale en ce moment, certains pays et stars professionnelles voient leur réputation éclipsée par l'esprit compétitif des adversaires amateurs qui refusent tout simplement de céder ou d’être battus.
Tout adepte du beau jeu doit en être ravi.
Et, s'il fallait jeter un coup d'œil dans le rétroviseur de la Coupe d’Afrique des nations (CAN), les sélections qui sont presque bourrées de stars internationales ont toujours eu d’énormes difficultés pour cueillir le prestigieux trophée continental.
Le dernier sacre du Nigeria remonte à 1994 (le dernier sacre d'un Ouest-Africain !). Celui du Ghana à 1982. Tandis que la génération actuelle des Eléphants de Côte d’Ivoire, une armada d’excellents footballeurs professionnels évoluant en Europe, court depuis presque huit ans derrière leur premier titre continental. Une période durant laquelle, les locaux égyptiens ont moissonné le même trophée à trois reprises consécutives.
Cependant, l’un des faits impressionnants de cette 28e CAN est l’envie indéfectible de l’Afrique australe et centrale d’aller le plus loin possible dans ce tournoi. Le sélectionneur du Sénégal, Amara Traoré, en sait quelque chose.
De l’embarras du choix face au surnombre de ses bons attaquants, comme il disait fièrement, Traoré s’est retrouvé dans l’embarras du (mauvais) résultat. Son équipe, annoncée comme la gâchette la plus prolifique de cette CAN en termes de son potentiel offensif, suivra la suite du tournoi sur le petit écran. Qui l’aurait cru ? La principale force des Lions de la Teranga pendant les éliminatoires est devenue leur faiblesse dans ces phases finales : l’attaque !
Surpris et échaudés par les boulets de cuivre (Chipolopolos) zambiens, puis abattus par la foudre (Nzalang) équato-guinéenne, les ‘Lions’, pourtant rois de la brousse, quittent cette compétition la queue entre les jambes.
Les bourreaux de cette élimination précoce bossent comme des élèves peu brillants qui, sachant leurs limites, essayent de faire les devoirs à temps. Ces braves joueurs locaux zambiens et équato-guinéens, même s’ils ne chantent pas en maniant le cuir-rond sur la pelouse, leurs faits, gestes et courtes passes, sont presque des pas de danse d’une mélodie flatteuse dont le texte peut se résumer en : ’’On est une grande équipe de par ses performances et non de par ses aspirations ou individualités.’’ Et, ’’être favoris sur le papier, ne veut pas forcement dire être le meilleur sur le gazon.’’
Mais présentement, si les supporters maliens et tunisiens devraient composer une chanson, son texte débutera certainement par : ’’Dominer n’est pas gagner.’’
A l’image de la Tunisie face au Maroc, le Mali a fait preuve de réalisme face à la Guinée.
Malmenés par une sélection guinéenne très joueuse qui ne sera pas récompensée de ses nombreux efforts, les joueurs maliens ont longtemps fait le dos rond dans ce match. À l’instar de leur portier, Soumaila Diakité (homme du match), qui a repoussé toutes les tentatives des Guinéens, souvent lancées magistralement par Pascal Feindouno, le violoniste leader des refrains du Syli.
Feindouno, sans doute l'un des plus talentueux footballeurs à évoluer sur le continent, était dans ses grands jours. Esthète du ballon rond, l’ancien Stéphanois est un meneur de jeu technique, influent et surprenant. Sans club et toujours fana des sorties nocturnes, l’enfant de Kissidougou n’a pas disputé de match en club depuis le 6 novembre dernier. Mais, son talent aidant, il s’est distingué dans ce match plus que le leader des Aigles, Seydou Keïta, l’irremplaçable remplaçant du FC Barcelone.
Le Syli battu mais, pas abattu, affronte les Zèbres du Botswana ce samedi. Une sélection courageuse dont le héros de sa première qualification pour la CAN s’appelle Jerome Ramatlhakwane, 26 ans, attaquant du Vasco da Gama, club de la banlieue de Cape Town. En éliminatoires, le Botswana a marqué sept buts en huit matches, Jerome six à lui tout seul.
Ce soir, avec les violons de Feindouno, trompette de Bobo, balafon de Zayatte, djembé de Habib, ngoni de Bah, tamtam de Lass, guitare d’Ismaël, piano de Thierno, accordéon de Sadio et flutes de Traoré, Yattara, Naby, Lanfia ou Abdoul ; nous espérons que la symphonie du Syli soit à la fois douce, dansante et victorieuse.
Quant à la mélodie de la CAN, elle continue son chemin, semé de surprises alléchantes.
Moysekou
KUWAIT CITY ― Vend 27 Jan. 2012 ―KW
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