Mondial 2014 : Le rêve du Syli, ou
l’envie de se mettre en sécurité
KUWAIT CITY ― L’envie de participer au Mondial de Rio est
en marche et, pas n'importe comment, elle est derrière la balle.
Dans quelques jours, les impulsions seront de plus en
plus rapides pour les footballeurs qui, patriotisme oblige, espèrent honorer leur
pays, dans deux ans, aux phases finales de la Coupe du Monde au Brésil.
Guinee-Cameroun [Metz 26 Mai 2012] |
Sadio Diallo de Bastia, Ibrahima Traoré de Stuttgart,
Lass Bangoura de Rayo Vallecano et leurs coéquipiers seront d’abord à Harare
pour aider la Guinée à battre le Zimbabwe. Ensuite, ils rallieront Conakry pour
accueillir les Pharaons d’Egypte, septuple champions d'Afrique. Une sélection
rassise avec l’âge et l’expérience de son ossature qui ― agacée par son absence
à la dernière Coupe d'Afrique des Nations (CAN 2012) ― fera tout à Conakry pour
ne pas rentrer bredouille.
Sur le continent, si les spectateurs s’attendent déjà à
de grandes retrouvailles qui envisagent une lutte féroce au Sud comme à
l'Ouest, cette rencontre [Guinée-Egypte] est, indéniablement, l'une des plus
chargées de pressions et de scenarios. Car, l'histoire du football africain
nous enseigne que lorsque l’Egypte ne convainc pas sur la
pelouse, c’est le moment de prendre au sérieux son envie, sa détermination
et surtout ses chances de gagner quelque chose. Il est comme le
Cameroun, comme le Ghana, un grand compétiteur qui, lentement mais sûrement,
sait préparer et percer sa trajectoire dans les grandes joutes
footballistiques.
Mais, l’Egypte fait-il toujours peur ? ’’ Le Syli n’a pas peur de qui que
ce soit.’’, m’indique
fièrement un fan de Zayatte et ses coéquipiers. ’’D’ailleurs, c’est devant les
grandes équipes que la Guinée se sent bien à l’aise !’’ ajoute-il.
En général, les sportifs professionnels n’ont pas peur de
leurs antagonistes. Ils ont plutôt peur de perdre. Mais, si le jeu ’’très
tactique’’ des Pharaons n’angoisse pas l’Eléphant (Syli) guinéen, il y a une
autre inquiétude qui l’effraye le plus : sa propre défense !
En Guinée, malheureusement, le mauvais jeu défensif n’est
pas seulement une tactique. C’est une seconde nature. Le but précoce ou banal y
est presque permanent et, pour certains joueurs, rien ne paraît ni étonnant ni
regrettable. Tout parait normal, y compris le mauvais renvoi d'un corner, par
un défenseur, ou le gardien, souvent inattentif au positionnement des
attaquants adverses. Et, comme s’il fallait refaire les mêmes erreurs, les
mêmes fautes se succèdent.
Cet embarras de la défense dans le jeu de nos équipes ne date pas
d’hier. C’est un obstacle qui nous colle à la peau depuis la
nuit des temps.
Lors de la finale¹ de la CAN 1976, en Éthiopie, avec ses
attaquants surdoués (NJoléah, Chérif, Papa, Maxime, Petit Sory …etc.), le Syli
partait favori. Mais, apparemment, le souci défensif n’était pas
totalement absent chez nos pachydermes : Le légendaire Chérif Souleymane, le
talentueux milieu ―et parfois, le redoutable attaquant― qui crayonnait sa
marque sur le jeu de l'équipe guinéenne, avait joué au poste d'arrière
central ! Somme toute, les Guinéens sont rentrés bredouilles à
Conakry.
Le devoir des footballeurs sur le terrain, c’est un
truisme de le dire, est d’assurer une chose ―deux choses : La victoire, ou
le nul s’ils sont malmenés ou malchanceux. Mais, ce n'est pas là où cette tâche
débute.
Elle débute par savoir comment bien défendre. Une
sélection qui défend mal n’est jamais à l’abri des raclées humiliantes.
Autrement, la plus grande baraka qu'atteint, ou reçoit une équipe sportive,
c'est ’’se sentir en sécurité’’.
Le rêve de participer au Mondial de Rio est en marche
mais, pas n'importe comment, il est derrière la balle et, à portée de la main
du Syli, si et seulement s’il parvient à barricader sa cage !
Moysekou
KUWAIT CITY― Mar 29 Mai 2012―KW
Réf. :
¹ Maroc-Guinée
[1-1], buteurs : Chérif Souleymane, 33’’ et Ahmed Makrouh ‘Baba’, 86’’, le
14 mars 1976 à Addis-Abeba.
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