CONAKRY, Guinée — Ibrahima Sory Sankhon, né à Farmoriah treize printemps avant le dernier sacre continental du Horoya, évolue maintenant comme acteur clé pour modeler ce club et propulser l’équipe nationale guinéenne. Un don du ciel !
S’il y a un trait qui caractérise la dernière victoire du Syli national en terre malawite, à Blantyre, ce fut l’esprit implacable qui a permis aux Guinéens de refuser la défaite après avoir été menés au score. Ce rachat fut possible grace aussi à la contribution d’Ibrahima Sory Sankhon alias « Zidane », produit de l’informel et forgé par le Horoya AC. Le milieu offensif du club fanion de Matam, miraculeusement, la surprise du chef de Luis Fernandez dans cette double confrontation, n’a pas tremblé dans l’entr-jeu, au milieu d’une foret de joueurs cadres, Naby Keita dit “Déco”, Ibrahima Traoré et Ibrahima Sory Conté “Maboura”.
La rigueur, ainsi que la détermination pour atteindre ce rêve, sont les indicateurs qui ont dopé Ibrahima Sory Sankhon. Ce mental, le môme de Morya l’a incarné tout petit, au sein de l’Espoir Anelka, un club informel à Forécariah, ville lotie à quelques encablures des côtes léonaises, sur les terrains de fortunes.
Il peaufina ses premières touches sous l’égide d’un grand frère inhabituel, Ibrahima Sory Camara, dont Sankhon appelait affectueusement « Fory ». Une sagesse que le protecteur et maître imprègne dans tout ce qu’il dirige.
Ce moment d’éclosion du chouchou de Forecariah coïncidait à l’année de gloire du Horoya sous le magistère de Kanfory Lapé Bangoura qui glanait le trophée de l’Ufoa en 2009.
Année à laquelle, Sory Sankhon dépose ses baluchons dans la famille à Kaloum. Dans les rues du fief de l’ennemi intime de son club, le garçon passait inaperçu… Il n’intéressait que très peu des férus du foot, si ce n’est que les clubs informels anonymes, notamment, FC Reotra et FC Atouga.
À Tombo, il devient incontournable dans les tournois inter-quartiers et tape dans l’œil de Malick Kébé, alors président de Santoba FC (D1, Guinée), qui l’enrôla sans tarder. Puis, Mandjou l’alignera à Makeny en avril 2014 quand les Léonais déroutaient le Syli junior en éliminatoires de la Can Junior 2015. Cet échec sera suivi d’un autre, à la Gantoise (D1, Belgique), dans un essai non-concluant. Mais, le jeune Sankhon ne désespère pas.
Le courage permet d’outrepasser des difficultés a priori infranchissables.
Et, ce fut une joie pour beaucoup quand Sankhon a été embauché comme meneur de jeu du Horoya, le club du quartier populaire Matam, sur la côte Est de la capitale guinéenne, Conakry, il y a huit mois.
Le propriétaire du club, Antonio Souaré, avait alors été clair avec lui : « Porter ce maillot est un honneur, le mouiller est un devoir. ». La barre avait été placée très haut. Aujourd’hui, en pleine ascension, « Zizou » séduit, surprend et accélère jusqu’à taper au portillon du Syli senior. Un rêve lointain de son père, Becken, qui a évolué sur les terrains poussiéreux de Forécariah en tant que pilier essentiel de l’équipe préfectorale. Il a longtemps fantasmé de porter le tricolore guinéen, en vain.
La carrière d’un sportif peut prendre des contours souvent imprévisibles.
Celle de Becken est en train d’être élargie à travers les prouesses de son fils. L’héritier en est conscient. Il sait que, pour arriver au top niveau, il faut surtout ouvrir son esprit, avoir le courage indéfectible et agir libéré sur la pelouse, sans complexe ni pression. La suite est une logique irrationnelle du sport. Des obstacles temporels. Un mental de fer. Du labeur sans relâche. Puis, le résultat suivra, indéniablement.
Si Sankhon semblait timide lors de son premier entrainement avec ses nouveaux coéquipiers du Syli senior, ce ne fut pas la même chose sur les champs de bataille. A Conakry comme a Blantyre, il a réussi une performance remarquable.
Ce qu’il est en train d’arriver dans le parcours de Sankhon n’est qu’un rêve d’hier ─ d’un papa courageux─ converti en objectif d’un fils laborieux. Espérons que la belle histoire continue. Qu’elle surpasse l’ascension, souvent en dents de scie, des pépites guinéennes. Car, on se souvient encore des débuts prometteurs de Amara Karba Bangoura, d’Ousmane “Pato” Barry ou de Sadio Diallo et ses bobos perpétuels.
La réussite, parait-il, dépend aussi des moyens qu’on se donne pour réussir.