Par une nuit pluvieuse d'août dans le Zimodou, j'étais sur le balcon du restaurant The Avenues de Macenta, sirotant un cocktail de fruits, regardant la pluie tomber et écoutant de l'afrobeat relaxant. Je regardais le menu Massata, qui m'excitait à goûter, et m'attirait à savourer avec gourmandise.
Photo: Maxim Hopman (Unsplash) |
J'ai sorti mon smartphone, me préparant à capturer la scène, la belle vue naturelle dehors. Mais un crépitement de tirs d'armes est sorti de nulle part. Le bruit ne venait pas de loin et s'est soudainement arrêté. La peur au ventre, nos plans avaient changé. Nous avons couru dans toutes les directions, à la recherche d'un abri sûr pour nous protéger. On entendait crier et pleurer les femmes qui semblaient bouleversées par ce qui venait de se passer.
Quelques minutes plus tard, nous nous dirigeons vers le lieu de l'incident, curieusement mais lentement.
Soudain, nous nous sommes retrouvés debout face à un trottoir plein de sang. Une jeune femme avait reçu une balle dans la cuisse quelques minutes plus tôt alors qu'elle venait répondre au rendez-vous de son ex-fiancé. Et cela après s'être mariée, il y a tout juste un mois, avec un autre homme apparemment riche, venu tout droit des États-Unis.
Encore une attaque passionnelle, dit-on. Mais, pas seulement.
On apprendra plus tard que cette belle jeune femme avait été attirée à cet endroit par son ex-fiancé, qui lui avait dit qu'il avait un cadeau pour elle, à la suite de son mariage. Il a sorti son arme et elle s'est défendue. Il lui a tiré dessus, touchant sa cuisse, et s'est enfui, la laissant gisant dans une mare de sang. Il a été arrêté quelques jours plus tard.
Le mobile de son crime ? Si en ville on racontait le poids financier du nouveau prétendant issu de la diaspora, qu'il serait mieux loti que l'ex-fiancé, ce dernier en revanche, n'aurait pas digéré l'attitude de la famille de la jeune femme qui aurait subitement changé lorsqu'un candidat de leur ethnie a demandé la main de leur fille. Le malheureux ex-fiancé, c’est-à-dire l’assaillant, aurait été rejeté simplement en raison de son appartenance ethnique, quelque chose qu'il déteste sans savoir comment y mettre fin, à tel point que cela prend de l'ampleur dans nos sociétés ethno-matérialistes d'aujourd'hui.
Toutefois, il est triste de constater que la violence armée ne cède pas devant les remèdes utilisés dans la bataille menée contre elle. Plus vous vous battez contre elle, plus les mauvais esprits se déchaînent dans la ville.
Est-il anormal de refuser d'épouser quelqu'un qui n'appartient pas à sa tribu ? Autrement dit, pourquoi les gens refusent-ils d'épouser quelqu'un d'extérieur à leur tribu, communauté, pays ou race ? Ce faisant, sommes-nous prêts à piétiner, voire à enterrer le multiculturalisme ?
L'une des raisons pour lesquelles nous devrions apprendre, lire, écouter et poser plus de questions sur ce type de sujet de société est qu'il ouvre notre esprit à d'autres façons dont le monde, ou du moins notre monde ou notre quartier, pourrait être. C'est utile en général, mais poser des questions ou analyser des choses en profondeur ou penser de manière critique est particulièrement précieux pour nous, car cela plonge souvent dans des sujets qui les occupent, poussant ces idées à leurs extrêmes logiques. Cela nous permet soit de maintenir cet élan, soit de l'abandonner.
Par exemple : que se passe-t-il si les mariages mixtes ou les mariages interraciaux disparaissent ? Et si la coutume périssait ? Et si les filles n'avaient plus le droit d'avoir leur mot à dire dans le choix de leur futur mari ? Comment la société serait-elle réorganisée si nous devenions tous riches et que personne n'avait besoin de travailler ?
Ce n'est pas un vain raisonnement. Des choses étranges se produisent beaucoup plus souvent que nous ne le pensons, et cela rend d'autant plus important que nous soyons prudents et conscients de la possibilité d'un changement radical. La société a besoin de personnes avec un esprit critique comme vous, qui peuvent anticiper un tel changement, entre autres, et prendre des mesures pour y faire face.
Ce soir-là, je pensais que la magnifique vue nocturne de la ville était la promesse d'un week-end agréable et reposant. Les soirées animées de Macenta - festivals, ambiances de club, théâtre et événements culturels - reflètent notre sentiment que cette ville est ouverte aux touristes, aux affaires, au plaisir et, oui, aux fanfaronnades.
Mais, cette violence ignoble, cette grave blessure de la jeune mariée nous a obligés à nous coucher tôt.
Pourtant, un peu plutôt, la cuisson du repas se poursuivait en toute sérénité. Nous pouvions sentir l'odeur excitante provenant de la cuisine. Mais hélas, cette réalité sanglante se dressa sur le trottoir, tout à coup ; obligeant les restaurants à fermer leurs portes, sans tarder.
Quand je suis revenu à la maison, j'ai marché péniblement jusqu'au lit, sentant le poids de mes jambes. J'étais affamé, triste et malade en même temps. Mais, mon calvaire me parut infime comparé à la douleur de la femme blessée. Je lui ai souhaité (intérieurement) un prompt rétablissement avant de me préparer à mieux dormir sous la couette. Laborieusement.
13-SEP-2022-WATERLOO-BEL.
NB. : Ce texte est une fiction!