Un spectacle politico-musical de Kötõ, le griot politicien
Chaque soir, Kötō, muni de son ngoni et accompagné par la cantatrice Söna,
propose quelques minutes de pur plaisir à savourer sur l'espace Sotêma du
village. Parfois, sous le baobab, lors des mariages, des baptêmes et autres
événements publics de cette contrée. Pour retrouver le moral quand celui-ci est
en berne.
Kötō, le chanteur prolixe, se considère fièrement comme un griot politicien. Il est toujours prêt à défendre avec ardeur les causes communes de la société et il ne compte en aucun cas baisser les armes.
En cette saison sèche, les couleurs sont ternes et la fatigue sur le
visage des travailleurs des champs qui rentrent du boulot n'a rien d'attirant,
franchement. Pourtant, très rapidement, on se laisse emporter par le virtuose
et sa cantatrice qui animent le coin, aidant ainsi les spectateurs à oublier
les péripéties quotidiennes entre humour et tristesse, passion et ennui, peurs
et espoirs...
Les cinq premiers morceaux qu'il joue nous rappellent une époque à
découvrir pour les plus jeunes ou à revivre pour les autres. Ensuite, il prit
une pause rafraîchissante tout en maniant son instrument, lentement mais
impeccablement. Sous le timbre captivant des cordes de son ngoni, on attendit
une voix aiguë se lever brusquement et dire :
―"Des individus se faisant passer pour des sapeurs-pompiers qui
attisent le feu", ainsi la griotte chanta pour marquer le chemin à son
maître compositeur, qui devait le développer plus en détails.
―“Bien que les gouvernants (président, ministres et autres thuriféraires)
et les politiciens (opposition) peuvent différer dans leur perception des
conflits, il est indéniable que notre patrie se trouve à un tournant crucial.
Personne ne conteste le fait que notre économie, si elle ne souffre pas déjà,
est sur le point de connaître des changements majeurs.” ajouta Kötō.
“Pour ce faire, il faut prendre du recul afin d'apprendre des erreurs du
passé. Autrement, n'est-ce pas une absurdité de faire la même chose et
d'attendre un résultat différent ?” enchaina-t-il.
“Le système actuel est un paradoxe flagrant, car ce sont précisément
ceux qui ont mal géré le pouvoir de manière amateur et clanique qui doivent
maintenant se réconcilier avec les citoyens passionnés de l’agriculture qui les
tiennent responsables de leur mépris. C'est une situation complexe à laquelle
ils doivent faire face avec humilité et détermination.”
―“Ce qui me fait trop mal, s'écria la griotte, c'est la haine de
"ôte-toi de là pour que je m'y mette", qui continue à baliser le
chemin vers ce sujet si intéressant à déballer, à critiquer sans relâche.
La fête fut magnifique. On dit qu'elle était à la fois musicale et
politiquement correcte, en quittant les lieux.
Waterloo, Wallonia, BELGIQUE 12-SEP-2023 @23:59 pm
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